mardi 29 avril 2025

A l'ombre du pont sncf



En ce premier jour de vraie chaleur, l'ombre était lourde comme un pont sncf. La Loire ventilait obstinément sur la détrempe, assoiffant le papier et le peintre. Il était temps de plier les gaules et d'aller boire un verre. 



lundi 28 avril 2025

La villa d’Hadrien à Tibur


C’est en retrouvant quelques photos de visite à Tivoli que j’ai eu envie de relire Les mémoires d’Hadrien, l’œuvre de Marguerite Yourcenar. 
Hadrien lucide et aussi serein à la fin de sa vie que les ruines dans l’ombre chaude de l’été autour du Canope.






mercredi 23 avril 2025

Micheline


Hier soir, Arte diffusait Chère Louise de De Broca. Au début du film, Louise-Jeanne Moreau quitte une ville portuaire du nord de la France que j’ai imaginée être Le Havre ou Dunkerque, pour Annecy.
Un long et très beau plan, sans personnage, s’attarde sur une micheline à quai dans le soleil matinal. 
Pour Louise, une nouvelle vie et l’illusion de l’ailleurs. Pour moi, la nostalgie des autorails rouges et crème. A la fin le train-train l'emporte sur le mortel amour.

lundi 21 avril 2025

Chez tante Léonie



En visite chez tante Léonie à Illiers-Combray, j'avais en tête, François Bon photographiant les boutons de portes, rampe d’escalier, commutateurs électriques, boule de verre, tout ce que Marcel Proust a touché.
Attentif moi aussi aux lumières qui marquent les heures, les saisons et le temps qui passe. Celles dans le vestibule que le soleil projette au travers les vitres de la porte ce 16 avril de ma visite à 15h, projetée exactement au même endroit tous les 16 avril à 15h du temps de Marcel Proust, la lumière du temps retrouvé.

samedi 19 avril 2025

Nuit cantilienne

Nuit cantilienne, les perspectives se prennent au piège des lampadaires et les pelouses trop grandes bleuissent immensément. Vision scotopique sur l’hippodrome désert à l’heure où Chantilly se retire dans ses hôtels particuliers.





jeudi 3 avril 2025

Anne Sexton



Son genre     (Traduction Michel Corne)


Je suis sortie, sorcière possédée,
hantant l’air noir, plus courageuse la nuit ;
rêvant le mal, j’ai fait mon chemin
par-dessus les maisons ordinaires, lumière après lumière:
pauvre chose solitaire, avec mes douze doigts, oubliée.
Une femme comme ça n’est pas une femme, vraiment.
J’ai été de son genre
.
J’ai trouvé les grottes chaleureuses dans les bois,
je les ai remplies de poêles, de figurines, d’étagères,
de placards, de soieries, d’innombrables biens ;
j’ai préparé le souper pour les vers et les elfes :
pleurnichant, en réarrangeant les mal alignés.
Une femme comme ça est mal comprise.
J’ai été de son genre.

Je suis montée dans ton chariot, conducteur,
j’ai fait signe avec mes bras nus aux villages qui défilaient,
découvrant les dernières routes étincelantes, survivante
là où tes flammes mordent encore ma cuisse
et mes côtes craquent où tes roues s’entortillent.
Une femme comme ça n’a pas honte de mourir.
J’ai été de son genre.