lundi 18 août 2025

Le Chardon



Le Chardon (Raymond Queneau)
Quand bien même serais-je à l'étal de boucherie
Exposé dépecé comme un très pauvre bœuf
Quand bien même mon chef aux narines fleuries
D'un œil glauque attendrait l'oignon et le cerfeuil
Quand bien même mon ventre aux tripes déroulées
A la curiosité s'ouvrirait bien sanglant
Quand bien même mon cœur sur une assiette ornée
Rejoindrait mon cerveau mon foie et mes rognons
Nul ne saurait trouver parmi mes côtelettes
Mes viscères et mes abats
Le chardon qui fleurit semé par la conquête
Que rien ne déracinera
Le vivace chardon qui plante ses racines
Dans les sols les plus secs et les plus rebutants
Le chardon sans pitié qui frotte ses épines
Pour de rudes douleurs parallèles au temps

samedi 16 août 2025

Brune aux yeux de braise



 « Une brune aux yeux de braise entra un jour dans notre boutique (siège de l’association La Femme nouvelle) et s’offrit de nous aider.
- J’espère que mes références vous paraitront suffisantes, nous dit-elle. J’ai tué mon mari. »
                                                                         
                                                           Louise Weiss - Combats pour les femmes

lundi 11 août 2025

En attendant les baleines

Rive gauche du Saint-Laurent aux Bergeronnes - 29 juillet 2025.
En attendant les baleines qui nous feront le plaisir de ne pas se montrer, laissant notre rêve intact.



lundi 7 juillet 2025

La tombe de Giacomo Leopardi


La tombe de Giacomo Leopardi, Parco Virgilio, Napoli. Et un peu plus loin celle de Virgile.

A soi-même (A se stesso - Leopardi, Traduit de l’italien par Carolyne Cannella)

Or à jamais tu sommeilles,

si harassé, mon cœur. L’ultime mirage s’est éteint,

qui me faisait croire éternel. Mort. Je le sens bien,

même les rêves les plus chers,

y compris l’espoir, se sont fanés.

Repose pour toujours. Toi

qui a tant palpité. D’aucuns soupirs n’est digne

la terre, ni ne mérite tes ardeurs. Rien

qu’amertume

et ennui, la vie ; et le monde n’est que boue.

Sois en paix désormais. Désespère

en cet instant ultime. A notre espèce le sort

n’a offert que le mourir. Lors, méprise

qui tu es, et la nature et cette force brute

qui règne pour le malheur de l’homme,

et l’infini vanité.


mardi 24 juin 2025

Souvenirs et Jeux de plage

 

Lorsque j’étais enfant, la station essence nous fournissait en ballons et matelas pneumatiques publicitaires contre des points accumulés patiemment toute l’année. A mon grand désarroi, les  magasins d’articles de plage, nous ne faisions que passer devant. Cependant, ces étalages saisonniers étaient la preuve tangible que nous étions en été et au bord de la mer. Aujourd’hui encore en passant, j’aime leurs odeurs de plastique chaud, les couleurs vives qui volent au vent et la sensation d’avoir toujours un peu 10 ans.

jeudi 19 juin 2025

Jacques Brunius

 

Toutes les trois heures un équipage de pantoufles
traverse la place déserte au grand galop - Jacques Brunius


Nous étudierons le langage des roues grinçantes
Nous cultiverons des fleurs d’hématite dans des serres de fourrure
Nous ramperons dans le souterrain qui conduit au trésor des chats sauvages
Nous inviterons les Argonautes dans notre château de vent
Nos disques de bicyclette feront le bruit du galop
Nous traverserons le parc où les buissons de boules blanches
servent de refuge aux espèces animales des temps à venir
Nous déroulerons les arbres
dont le tronc est un rouleau de papier
Nous embarquerons sur le grand courrier amphibie
pour tourner en hélice autour de la Terre
Et ces lignes resteront pour toujours inachevées
comme le voyage de notre amour de notre liberté.

Jacques Brunius - Hallaliberté (1943)

lundi 16 juin 2025

L'été aux Isles



Exposition de l'été au Resto Les Isles
quartier Haute-Ile à Rezé.
Accrochage demain matin.
Merci à Virginie et à toute l'équipe pour leur accueil.




samedi 14 juin 2025

De l’art optique à l’art numérique



Musée d’arts de Nantes – De l’art optique à l’art numérique.
L’art optique est, me semble-t-il,  un art du temps et de l’espace et les deux sont nécessaires pour l’observation de ces œuvres. Mon dessin traduit l’étrange l’impression que m’a laissé cette visite de jeudi dernier. 
Je suis ressorti avec le sentiment d’avoir trop consommé. Une ivresse désagréable, une demi-douzaine d’œuvres m’auraient largement suffi. Toutes ces expérimentations ne manquent pas d’intérêt et de beauté pour certaines d’entre elles mais je ne suis addict. 

jeudi 12 juin 2025

Plomb durci

 

Peinture de 2009, Plomb durci, du nom de l’opération militaire israélienne de décembre/janvier2009. Les bombes tombaient encore et déjà sur Gaza. Je l’ai cherchée en vain ce matin avant de m'apercevoir dans mes notes d’alors que je l’avais donnée à une asso qui doit, je suppose, toujours l’avoir. 

mercredi 11 juin 2025

Leila Shawa

 


Solitude, Leila Shawa, 1988 

Leila Shawa, artiste gazaoui, décédée en octobre 2022 a peint la Palestine, vue poétique du pays rêvé, avant le génocide et la dislocation du paysage par les bombes israéliennes livrées par les pays occidentaux. 

vendredi 6 juin 2025

La pêche à la ligne



La pêche à la ligne consiste à faire tremper dans l’océan, un point d'interrogation accroché à un fil.
S’il ne dispose pas d’un océan, le pêcheur interrogatif rêvera aussi grand devant une rivière ou un lac.

mardi 3 juin 2025

Infantes d’Espagne


Infantes d’Espagne avec poires et artichauts 

huile sur toile 50x60cm (2021)

mercredi 28 mai 2025

Le jeudi de l’ascenseur.



Le ciel, terminus de l’ascension dans la mythologie chrétienne, est une sorte de paradis, comparable au néant, sans réveille-matin, petits chef ou factures d’électricité.
Ne serait-il pas judicieux de faire de ce jour férié une fête pour tous ? un moment idyllique de rapprochement et d’échange dans les ascenseurs, une fête des voisins en mieux.
Qu’en pense notre ministre de l’intérieur et des cultes ?
Le jour de l’ascenseur serait à Bruno Retailleau, ce que la fête de la musique est à Jack Lang.

mardi 27 mai 2025

Paimboeuf - Merci d'être venu

Merci à ceux qui sont passés par Paimboeuf entre le 16 et le 25 mai.
Et pour ceux qui seraient passés s'ils avaient pu, un tour vidéo rapide de la Galerie à Contre-Courant.




mercredi 21 mai 2025

RDV à Paimbœuf

A nouveau ce week-end , les 23,24 et 25 mai, Expo Isabelle Ferré & moi-même à la Galerie À Contre Courant.
Rendez-vous entre ciel et Loire dans la lumière de Paimbœuf.

 





mercredi 14 mai 2025

Expo à Paimboeuf

 Accrochage et réconfort, demain sera un autre jour.






vendredi 9 mai 2025

Expo en mai



Je vous invite à passer du 16 au 25 mai à la galerie A Contre Courant sur les quais de Paimbœuf.
Vernissage le vendredi 16 mai à 18h.
A bientôt

mardi 6 mai 2025

Faut-il mettre du beurre dans la poésie ?



Ce matin, sur le réseau social, j’ai vu passer une invitation à venir un matin écouter des poètes en mangeant des croissants chauds. 

Enivrez vous recommande Baudelaire mais pas de chocolatine dans sa liste de suggestions. Peut-être que comme moi, la viennoiserie chaude le barbouille. 

dimanche 4 mai 2025

Le poète revenu

Cet après midi, un papillon s'est posé sur un nu en cours. Un poète visitant une muse oubliée ? J'ai stoppé là mon dessin, il ne faudrait pas qu'ils se perdent.

Elle avait l'air quelconque. Certes jolie, mais d'une beauté banale, quelque chose d'animal. Pourtant mon copain m'avait dit Tu verras, cette fille, c'est une tuerie. Il ne savait pas si bien dire : je suis mort dans ses bras à peine nous étions-nous emboîtés. 
Charles Brun, souvenirs de la fausse commune

mardi 29 avril 2025

A l'ombre du pont sncf



En ce premier jour de vraie chaleur, l'ombre était lourde comme un pont sncf. La Loire ventilait obstinément sur la détrempe, assoiffant le papier et le peintre. Il était temps de plier les gaules et d'aller boire un verre. 



lundi 28 avril 2025

La villa d’Hadrien à Tibur


C’est en retrouvant quelques photos de visite à Tivoli que j’ai eu envie de relire Les mémoires d’Hadrien, l’œuvre de Marguerite Yourcenar. 
Hadrien lucide et aussi serein à la fin de sa vie que les ruines dans l’ombre chaude de l’été autour du Canope.






mercredi 23 avril 2025

Micheline


Hier soir, Arte diffusait Chère Louise de De Broca. Au début du film, Louise-Jeanne Moreau quitte une ville portuaire du nord de la France que j’ai imaginée être Le Havre ou Dunkerque, pour Annecy.
Un long et très beau plan, sans personnage, s’attarde sur une micheline à quai dans le soleil matinal. 
Pour Louise, une nouvelle vie et l’illusion de l’ailleurs. Pour moi, la nostalgie des autorails rouges et crème. A la fin le train-train l'emporte sur le mortel amour.

lundi 21 avril 2025

Chez tante Léonie



En visite chez tante Léonie à Illiers-Combray, j'avais en tête, François Bon photographiant les boutons de portes, rampe d’escalier, commutateurs électriques, boule de verre, tout ce que Marcel Proust a touché.
Attentif moi aussi aux lumières qui marquent les heures, les saisons et le temps qui passe. Celles dans le vestibule que le soleil projette au travers les vitres de la porte ce 16 avril de ma visite à 15h, projetée exactement au même endroit tous les 16 avril à 15h du temps de Marcel Proust, la lumière du temps retrouvé.

samedi 19 avril 2025

Nuit cantilienne

Nuit cantilienne, les perspectives se prennent au piège des lampadaires et les pelouses trop grandes bleuissent immensément. Vision scotopique sur l’hippodrome désert à l’heure où Chantilly se retire dans ses hôtels particuliers.





jeudi 3 avril 2025

Anne Sexton



Son genre     (Traduction Michel Corne)


Je suis sortie, sorcière possédée,
hantant l’air noir, plus courageuse la nuit ;
rêvant le mal, j’ai fait mon chemin
par-dessus les maisons ordinaires, lumière après lumière:
pauvre chose solitaire, avec mes douze doigts, oubliée.
Une femme comme ça n’est pas une femme, vraiment.
J’ai été de son genre
.
J’ai trouvé les grottes chaleureuses dans les bois,
je les ai remplies de poêles, de figurines, d’étagères,
de placards, de soieries, d’innombrables biens ;
j’ai préparé le souper pour les vers et les elfes :
pleurnichant, en réarrangeant les mal alignés.
Une femme comme ça est mal comprise.
J’ai été de son genre.

Je suis montée dans ton chariot, conducteur,
j’ai fait signe avec mes bras nus aux villages qui défilaient,
découvrant les dernières routes étincelantes, survivante
là où tes flammes mordent encore ma cuisse
et mes côtes craquent où tes roues s’entortillent.
Une femme comme ça n’a pas honte de mourir.
J’ai été de son genre.


mardi 25 mars 2025

Le soleil aussi pour la Palestine



Le soir nous atteignit...
Le soleil
Peignait sa chevelure dans la mer,
Et le dernier baiser accostait
À mes yeux, braises.

Mahmoud Darwich - poète palestinien (1941 - 2008)


lundi 24 mars 2025

Dans les nuages hopperiens

 

Variation sur Excursion Into Philosphy de Hopper.
Tournant le dos à la vie vécue et à sa représentation, l'art et la littérature, l'homme face au vide.



mercredi 19 mars 2025

À bout de souffle

 « Ogres ivres du fol amour ancres jetées au fond des cieux lignes tirées des barques mouillées de flammes » écrit Picasso en 1947 



À bout de souffle
huile sur toile 57x80cm - 2021

dimanche 16 mars 2025

La vague



Cette petite toile de Raoul Dufy exposée au musée à Nantes qui me plaît tant, Le Havre, un cargo noir devant la plage de Sainte-Adresse. Fascinante épure de cargo à laquelle on réduit trop souvent ce tableau. 
Moi, ce qui m’accapare le plus, au point que je ne vois plus que cela, c’est la vague qui vient frapper la jetée, la touche blanche à cheval entre noir et bleu, l’énergie de la mer, la spontanéité du coup de pinceau. 

samedi 15 mars 2025

Les Goémons


Les Goémons, paroles et musique de Serge Gainsbourg

Face B du 45 tours Le poinçonneur des Lilas, Les Goémons sont passés inaperçus dans l'ombre du premier grand succès de Serge Gainsbourg. Les goémons sont comme les amours mortes, le thème est très gainsbourien et la chanson est magnifique.

Algues brunes ou rouges
Dessous la vague bougent
Les goémons
Mes amours leur ressemblentIl n'en reste il me sembleQue goémons
Que des fleurs arrachéesSe mourant comme lesNoirs goémons
Que l'on prend, que l'on jetteComme la mer rejetteLes goémons
Mes blessures reviventÀ la danse lasciveDes goémons
Dieu comme elle était belleVous souvenez-vous d'elleLes goémons
Elle avait la langueurEt le goût et l'odeurDes goémons
Je prie son innocenceÀ la sourde cadenceDes goémons
Algues brunes ou rougesDessous la vague bougentLes goémons
Mes amours leur ressemblentIl n'en reste il me sembleQue goémons
Que des fleurs arrachéesSe mourant comme lesNoirs goémons
Que l'on prend, que l'on jetteComme la mer rejetteLes goémons

jeudi 13 mars 2025

D'après photo ou sur le motif

 



En sortant du Musée des Arts à 16h cet après-midi, le soleil descendait derrière la cathédrale, sa silhouette sombre se dessinait sur le ciel lumineux. Je me suis assis sur le muret du cours Saint-Pierre et j'ai fait un dessin au crayon dans mon calpin, puis j'ai pris une photo avec mon téléphone dans l'intention de faire une gouache détrempée à la maison.
Le dessin in situ n'a pas le même cadrage que la photo prise au même endroit. Je ne vois pas comme un objectif photo, il voit et moi, je regarde.
Mon dessin au crayon ne rend pas la lumière comme la gouache qui me semble plus juste, part contre en dessinant d'après photo, le cadrage et la perspective se sont imposés à moi.

dimanche 9 mars 2025

Sagan

 "Cette effrayante santé morale que donne l'ambition"  -  F.S.