lundi 24 juin 2019

La bibliothèque de Julien Gracq


La Loire allait bon train devant Saint-Florent-le-Vieil et moins vite, nous parcourions les rayonnages de la bibliothèque dans la Maison de JulienGracq. Étiquettes blanches, les livres qui furent ceux de l’écrivain, souvent dédicacés.


Ceux qui, offerts ou pas, auraient été sans doute ici.

D’autres, que Gracq reçut et qui sont là. Des courtisans, des académiciens faussement modestes, des qui ont l’oreille des Présidents, des inévitablement prix Goncourt et un, les quatre à la fois, qui fait le timide devant le grand écrivain et qu’on imagine courbé signant son compliment.

Et enfin, Il y a ceux sans dédicace que certainement Gracq acquit et appréciait.



lundi 17 juin 2019

L’éternité au Grand Bé

                                                                           Saint-Malo - Bon-Secours - Lucm 2019 aquarelle 30x40cm
Le Grand Bé, la plage du Bon-Secours et sa piscine comme un miroir d’outre-tombe.


En face des remparts, à cent pas de la ville, l’îlot du Grand-Bey se lève au milieu des flots. Là se trouve la tombe de Chateaubriand ; ce point blanc taillé dans le rocher est la place qu’il a destinée à son cadavre.
Nous y allâmes un soir, à marée basse. Le soleil se couchait encore sur le sable. Au pied de l’île, les varechs dégouttelants s’épandaient comme des chevelures de femmes antiques le long d’un grand tombeau.
L’île était déserte ; une herbe rare y pousse où se mêlent de petites touffes de fleurs violettes et de grandes orties. Il est sur le sommet une casemate délabrée avec une cour dont les vieux murs s’écroulent. En-dessous de ce débris, à mi-côte, ion a coupé à même la pente un espace de quelques dix pieds carrés au milieu duquel s’élève une dalle de granit surmonté d’une croix latine. Le tombeau est fait de trois morceaux, un pour le socle, un pour la dalle, un pour la croix.
Il dormira là-dessous, la tête tournée vers la mer ; dans ce sépulcre bâti sur un écueil, son immortalité sera comme fut sa vie, déserte des autres et entourée d’orages. Les vagues avec les siècles murmureront longtemps autour de ce grand souvenir ; dans les tempêtes elles bondiront jusqu’à ses pieds, où les matins d’été, quand les voiles blanches se déploient et l’hirondelle arrive au-delà des mers, longues et douves, elles lui apporteront la volupté et la caresse des larges brises. Et les jours ainsi s’écoulant, pendant que les flots de la grève natale iront se balançant toujours entre son berceau et son tombeau, le cœur de René devenu froid, lentement, s’éparpillera dans le néant, au rythme sans fin de cette musique éternelle.
Nous avons tourné autour du tombeau, nous l’avons touché de nos mains, nous l’avons regardé comme s'il eût contenu son hôte, nous nous sommes assis par terre à ses côtés.
Gustave Flaubert, Par les champs et par les grèves

mercredi 12 juin 2019

La pointe du Grouin

Samedi, à l'heure où le soleil descendait , mortellement triomphal,
 il y avait foot à la télé.