jeudi 27 octobre 2016

Mauvais sang

Le Sabbat des sorcières



     J'ai de mes ancêtres gaulois l'œil bleu blanc, la cervelle étroite, et la maladresse dans la lutte. Je trouve mon habillement aussi barbare que le leur. Mais je ne beurre pas ma chevelure.
     Les Gaulois étaient les écorcheurs de bêtes, les brûleurs d'herbes les plus ineptes de leur temps.
     D'eux, j'ai : l'idolâtrie et l'amour du sacrilège ;
oh ! tous les vices, colère, luxure, magnifique, la luxure ; surtout mensonge et paresse.
     J'ai horreur de tous les métiers. Maîtres et ouvriers, tous paysans, ignobles. La main à plume vaut la main à charrue.
Quel siècle à mains ! Je n'aurai jamais ma main. Après, la domesticité mène trop loin. L'honnêteté de la mendicité me navre. Les criminels dégoûtent comme des châtrés : moi, je suis intact, et ça m'est égal.
     Mais ! qui a fait ma langue perfide tellement qu'elle ait guidé et sauvegardé jusqu'ici ma paresse ? Sans me servir pour vivre même de mon corps, et plus oisif que le crapaud, j'ai vécu partout. Pas une famille d'Europe que je ne connaisse.
J'entends des familles comme la mienne, qui tiennent tout de la déclaration des Droits de l'Homme. J'ai connu chaque fils de famille !
 
Arthur Rimbaud, Une saison en enfer

jeudi 20 octobre 2016

Ne plus jamais revoir Noirmoutier




Mélancolie,  souvenir lointain du bord de mer sous les pins

Spleen, caravane immobilisée à perpète sur un parking rezéen




vendredi 14 octobre 2016

Mauvaise herbe



Fleurs des rues, fleurs fugitives, fleurs sauvages, quel mauvais vent les porta au pied du mur ? 
Fleurs vivaces, fleurs de rien. Les prétentieuses de chez Truffaut peuvent aller se faire vaporiser chez Bayer. 
Fleurs à la génétiques incertaines, fleurs méprisant l’œil humide des dames patronnesses écolos - Sainte Nature, prions notre Dame des Landes - elles sont les bienvenues dans mon jardin. Et si un chien (pas trop gros) s'avise de leur manquer de respect, il aura droit à un coup de pied au cul. J'aime pas les caniches à sa maman. Qu'ils aillent pisser sur les boutures de rosiers.

mercredi 5 octobre 2016

La nuit je mens


Ces longues nuicts d’hyver, où la Lune ocieuse
Tourne si lentement son char tout à l’entour,
Où le coq si Tardif nous annonce le jour,
Où la nuict semble un an à l’ame soucieuse
Je fusse mort d’ennuy sans ta forme douteuse,
Qui vient par une feinte alleger mon amour,
Et faisant, toute nue, entre mes bras sejour,
Me pipe doucement d’une joye menteuse.
Vraye tu es farouche, & fiere en cruauté
De toy fausse on jouist en toute privauté.
Pres ton mort je m’endors, pres de luy je repose :
Rien ne m’est refusé. Le bon sommeil ainsi
Abuse par le faux mon amoureux souci.
S’abuser en amour n’est pas mauvaise chose.
Ronsard - Second Livre des Sonnets pour Hélène