jeudi 11 juin 2015

Leopardi, Titien et les Soleils d’Urbino

Paysage des Marches

L’INFINI
Toujours j'aimai cette hauteur déserte
Et cette haie qui du plus lointain horizon
Cache au regard une telle étendue.
Mais demeurant et contemplant j'invente
Des espaces interminables au-delà, de surhumains
Silences et une si profonde
Tranquillité que pour un peu se troublerait
Le coeur. Et percevant
Le vent qui passe dans ces feuilles – ce silence
Infini, je le vais comparant
A cette voix, et me souviens de l'éternel,
Des saisons qui sont mortes et de celle
Qui vit encor, de sa rumeur. Ainsi
Dans tant d'immensité ma pensée sombre,
Et m'abîmer m'est doux en cette mer.

Giacomo LEOPARDI, Canti  (1819)      
                   Traduction Philippe Jaccottet


La Vénus d'Urbino,     Titien (1538)

Soleils d'Urbino - Paysage des Marches

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