samedi 30 mars 2013

Gérard Soulas, Bouin et La cabane du pêcheur



Gérard Soulas est décédé à la fin de l’été en septembre 2012. Il avait 67 ans. Le serrurier de Rezé  aimait naviguer et pêcher.  La retraite venue, Gérard et Jacqueline se sont installés à Bouin dans la baie de Bourgneuf.
Pour passer le temps quand la mer était trop haute et  le ciel trop bas, Gérard peignait des petits motifs sur des jeux de tock en bois, puis des tableaux naïfs et colorés. Le goût pour la peinture se transforma en besoin vital. Gérard ne s’arrêtera plus de peindre.  Il utilisait de la peinture glycéro du rayon bricolage et peignait à plat sur du médium. Il n’inventait rien, il reproduisait simplement son univers maritime. 



Gérard était membre du collectif d’artistes Lumières de jade.

Si vous passez par Bouin, faites le détour par La cabane du pêcheur au port des Brochets. Il n'y a pas beaucoup de touristes, seuls les gars du coin, pêcheurs ou ostréiculteurs, et quelques artistes méconnus fréquentent le bar, ça sent bon l'iode et Pierrette, la patronne, conserve quelques peintures de Gérard accrochés aux murs.

La cabane du pêcheur - Bouin-le port des Brochets

Bouin-le port du Bec



Bouin-le port des Brochets

dimanche 24 mars 2013

Le Trou à Lisette

 marée haute quai Surcouf - Rezé

La cale de Trentemoult à Rezé est un fameux piège à vase. C’est sans doute pour cela que les anciens pêcheurs professionnels l’ont généreusement abandonnée à la plaisance. A marée basse, les bateaux s’échouent et ne sont manœuvrables qu’à la pleine mer en période de vives eaux. L’endroit vaseux fut poétiquement baptisé Trou à Lisette en l’honneur de la tenancière d’un des cafés du quai. 
Homme libre toujours tu chériras Lisette et les plus enlisés attendront l'équinoxe.


Extrait de Lisette's de Roger Hélier Claverie - Recueil de nouvelles (2011)

dimanche 17 mars 2013

Zéro flottant


Borne de nivellement O.JS-41 - rue Georges Grillé à Rezé


Point de référence utilisé par les géographes pour définir les altitudes, le niveau de la mer est un zéro flottant au gré des marées et du temps. Le 13 janvier 1860, un zéro de nivellement est défini par Paul-Adrien Bourdaloue et correspond au trait de 0m40 de l’échelle de marée du fort Saint-Jean à Marseille. En 1897, Charles Lallemand établit un nouveau zéro sur la même échelle mais à la cote 0,329m.  71 millimètres séparent le "zéro Bourdaloue" du "zéro Lallemand" et les bornes des deux réseaux cohabitent. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?  L’IGN a  finalement conservé le "zéro Lallemand".
Le modèle à tablettes de la borne de nivellement implantée rue Georges Grillé à Rezé correspond au réseau Lallemand établi sur le territoire métropolitain il y a 150 ans.

Elle indique 7,18m alors que le relevé IGN de 2010 la réhausse à 7,448m. Si, comme je le constate, Rezé ne monte pas, oh peuchère, c’est que Marseille est en train de sombrer !

samedi 9 mars 2013

Chez Rabelais


Comment nous avons laissé la voiture au Grand Carroi pour monter à pied jusqu'à la Devinière.

C'est au Grand Carroi que nous avons garé la voiture, là même où les fouaciers cherchèrent querelle aux bergers pour une raison futile qui allait provoquer les terribles guerres picrocholines. Nous avons gravi la colline jusqu'à la métairie de la Devinière qui a vu naître François Rabelais. Un vent paisible et ensoleillé soufflait sur les vignes.

Le 8 mars 2013 à la Devinière - Seuilly (Indre-et-Loire)

vendredi 1 mars 2013

Phoebus à table

Au temps de l'économie mondialisée, le marché est la loi et presque rien ne doit échapper à cet ordre naturel. Les Artistes formatés selon les normes en vigueur dans les écoles de design produisent de l’Art Contemporain destiné au juste enrichissement de mécènes garants de la valeur des œuvres.


Versailles au temps des produits dérivés de l’Art Contemporain

Hélas oubliée du progrès, la poésie est restée un art avec lequel personne ne s’enrichit. La poèsie n’est pas cotée en bourse et il n’existe pas d’école pour former des poètes en vogue.

Abandonné à sa liberté, le malheureux poète est ailleurs, inconnu du marché, économiquement non rentable, cherchant son équilibre entre Apollon et Dionysos.  


Phoebus à table

Sur mes paupières
tombent les pétales de ton poème,
Dionysos, si tu regardais le vécu
Et la gourmandise de l’homme
Tu perdrais ton souffle, ton désir de la table.
Bouches confondues
Dans l’avidité et le  plaisir des parfums,
Sefaris et Elytis eux-mêmes
n’ont jamais pris l’or du blé
pour soleil comptant
De leur vie.
Cavafy aussi a saisi, ce gout de la menthe,
Celui des baisers de l’Amour !
A la musique, aux incendies du rêve
Aux gestes inaccomplis
Hugo, Hamlet m’apprirent le désintéressement
La gourmandise de la table
Nous fait plier parfois
Aux vents de l’avidité
Vers cet instant sans lumière
Où le cœur cessera de trembler d’Amour.
Nuit dans le monde des pulsions,
Garde, ami, le secret
De la retenue et du silence:
Ce secret du clair-obscur
Métissée est la lumière du vide
Ou de la vue ?
Lumière de tes mots
Dans le miroitement du regard des poètes.

Virgilio de Lemos
Les Moutiers en Retz,  29   Aout 2O12
                                                          
Virgilio de Lemos est un poète lusophone né au Mozambique en 1929. Il passe sa jeunesse à Maputo et en Afrique du Sud. Il exerce le métier de journaliste. Dans les années 50 et 60, Virgilio met sa plume au service de la lutte contre l’ordre colonial du général Salazar. Cela lui vaut de connaître les prisons mozambicaines du régime dictatorial pendant 14 mois. En 1964, il est contraint à l’exil et s’établit en France. Écrivain engagé, il a une intense activité intellectuelle. Il fréquente Michel Leyris et participe avec lui au congrès culturel de la Havane en 1968. Il se lie d’amitié avec Jorge Luis Borges et Joyce Mansour, côtoie Aimé Césaire et Léon Gontran-Damas, écrit de nombreux articles. Le poète compose aussi en français depuis 1967.
Virgilio de Lemos vit depuis de nombreuses années en Loire-Atlantique aux Moutiers-en-Retz au bord de l’océan, face à l’île de Noirmoutier.