vendredi 1 juin 2012

Coupe-coupe et goupillon


Les missionnaires catholiques eurent un rôle essentiel dans la colonisation du continent africain. Dans le discours de bienvenue à la relève missionnaire de 1920 au Congo-Belge, le ministre des colonies de Belgique, Jules Renquin, exprimait clairement les choses.

« La tâche que vous êtes conviés à y accomplir est très délicate et demande beaucoup de tact. Prêtres, vous venez certes pour évangéliser. Mais cette évangélisation doit s’inspirer de notre grand principe : tout avant tout pour les intérêts de la métropole.
Le but essentiel de votre mission n’est donc point d’apprendre aux noirs à connaître Dieu. Ils le connaissent déjà. Ils parlent et se soumettent à un Nzambé ou un Nvindi-Mukulu et que sais-je encore. Ils savent que tuer, voler, calomnier, injurier est mauvais.
Ayez le courage de l’avouer, vous ne venez donc pas leur apprendre ce qu’ils savent déjà. Votre rôle consiste, essentiellement, à faciliter la tâche aux administratifs et aux industriels. C’est donc dire que vous interpréterez l’évangile de la façon qui sert le mieux nos intérêts dans cette partie du monde. »

Amen !

Missions africaines des bons Pères Blancs - rue des Naudières à Rezé



Toujours au service des exploiteurs, la mission continue. La compétition fait rage entre les Etats-Unis et l’Europe (notamment la France et la Belgique) pour mettre la main sur les ressources naturelles de la région africaine des Grands Lacs. Les uns n’hésitent pas à déstabiliser toute une région lorsque le pouvoir local privilégie les intérêts des autres. Ainsi, très présents au Rwanda, les missionnaires en encourageant depuis longtemps l’ethnisme, ont préparé sciemment les conditions de l’affrontement entre Hutus et Tutsis. Certains d’entre eux accusés d’avoir participé activement au génocide et recherchés par la justice rwandaise sont protégés par les institutions catholiques. On peut citer Wenceslas Munyeshyaka abbé à Gisors, Gabriel Maindron prêtre à Fontenay-le-Comte, ou Martin Kabalera abbé à Luchon.


Il faut lire le roman (qui n’est pas que de la fiction) de Jean-Paul Jody, La position du missionnaire, à la fois polar et documentaire sur le génocide rwandais de 1994.

5 commentaires:

  1. Merci pour ces infos capitales.
    Elles cadrent avec ce que j'ai toujours pensé, les religions n'ont pas d'autres visées que soumettre les peuples au profit des pouvoirs politico-financiers (l'investiture d'un mormon pour les présidentielles US de l'automne est un réel sujet d'inquiétude).

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  2. Wenceslas était curé à Gisors ( 27), dans le Vexin Normand, apprécié du reste par ses paroissiens, ce que j'en dis... c'est ce que j'ai entendu dire.

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  3. C'est bien Gisors et non Givors comme je l'avais d'abord écrit par erreur.

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  4. Beau comme l'antique, le discours de Jules.

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  5. @Tilia : D'autant plus dangereux qu'ils sont souvent masqués
    @Berthoise : Wenceslas le sournois !
    @Coco : Il a franchi le Rubicon

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